Le légendaire footballeur argentin Diego Armando Maradona a reconnu pour la première fois au cours d'un programme de télévision en Argentine que le but décisif qu'il marqua de la main face à l'Angleterre lors du Mondial-1986 avait bien été volontaire.
"Jamais je n'ai regretté d'avoir marqué ce but de la main", a avoué Maradona lundi soir lors de la deuxième édition d'une émission qu'il présente sur la chaîne 13, intitulée "La nuit du 10", en référence à son mythique numéro de maillot.
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Comme lors de la première édition qui accueillait la star brésilienne du ballon rond, Pelé, l'émission a battu tous les records d'écoute distançant largement les autres chaînes avec 34,9 points d'audience contre 19,9 points pour la présentatrice-vedette Susana Gimenez et 18,9 pour son jeune rival Marcelo Tinelli, selon l'institut Ibope.
Maradona, 44 ans, avait promis de révéler toute la vérité sur la fameuse "main de Dieu", l'un des buts les plus controversés de l'histoire du football, qui permit à l'Argentine d'ouvrir la marque en quart de finale contre l'Angleterre lors du Mondial au Mexique, une rencontre remportée 2 à 1 par les albicelestes.
Devant des milliers de téléspectateurs, il a justifié son geste, en expliquant: "C'est venu du fond de moi-même, comme si j'étais à Fiorito (le quartier pauvre de la banlieue de Buenos Aires où il est né en 1960). Parce que je suis petit (1,60 m) et parce que (Peter) Shilton (le gardien de but anglais) mesure 1,86 m. Je n'aurais jamais pu le battre de la tête."
La star argentine a donné tous les détails de ce moment-clef du match: "J'ai vu arriver un centre mais le ballon était très haut. Shilton a dit après qu'il avait vu la main mais c'était un mensonge parce qu'il est sorti (du but), l'oeil rivé sur le ballon et n'a pas vu que je donnais un coup avec le poing gauche."
Selon Maradona, c'est Terry Fenwick, un défenseur anglais "qui a averti (le gardien) parce qu'il était derrière".
Maradona a raconté qu'une fois le ballon dans le filet, il a regardé le juge de ligne et a "vu qu'il se dirigeait vers le milieu du terrain" pour la remise en jeu. "Alors j'ai dit à mes camarades de venir m'embrasser et fêter le but".
"Ils étaient un peu hésitants, ils vinrent me saluer mais c'était comme s'ils disaient: c'est du vol", s'est encore souvenu le "Pibe de oro" (le gamin en or).
Mais le capitaine de la sélection albiceleste les rassura alors par l'une des formules qu'il affectionne: "celui qui vole à un voleur a 100 ans de pardon".
Maradona a rappelé que le match se déroulait dans le contexte sulfureux et tendu de l'après-guerre des Malouines, ces îles de l'Atlantique sud, que l'Argentine avait disputées en 1982 à la Grande-Bretagne.
"Ils nous avaient fait un tas de choses et nous savions que nous avions face à nous des Anglais", a déclaré l'ex-numéro 10 au cours de l'émission.
Maradona a ironisé sur le froid existant entre les footballeurs anglais et argentins depuis ce match. "Shilton m'a dit qu'il n'allait pas m'inviter à son match hommage, de jubilée, parce que j'avais marqué un but qui n'était pas valable. Je lui ai répondu: +c'est clair que je ne pourrais pas en dormir+."
"Ce fut un beau but qui nous servit à ouvrir la marque parce que nous étions meilleurs que l'Angleterre mais cela ne se reflétait pas encore dans le résultat", s'est encore justifié la star du football.
Ce que Maradona qualifia alors de "main de Dieu" fit en effet basculer la partie. Comme pour se faire pardonner, "Dieguito" enchaîna quelques minutes plus tard une action d'anthologie, dans les règles du football.
Il partit des 40 mètres, effaçant génialement six joueurs adverses avant de battre le gardien Shilton d'une feinte de frappe à la 55ème minute, marquant l'un des plus beaux buts de l'histoire.