Le Club Sportif Sedan-Ardennes est né en 1919. Au fil des ans, il a su se bâtir un palmarès exceptionnel, pour atteindre son apogée dans les années 50/60 puis pour y revenir à la fin des années 90. Fort de ses racines ardennaises et des valeurs qui y sont rattachées (combativité, rigueur, solidarité, enthousiasme), le CSSA est l'image même d'un club simple mais ambitieux. Quelques-uns des plus grands noms du football sont venus y écrire leur nom en vert et rouge, parmi lesquels Louis Dugauguez, Roger Lemerre, Mustapha Dalheb, Ivica Osim... En vingt ans (1954/75), le CSSA a donné 15 internationaux à l'équipe de France: Pierre Bernard et René Charrier (gardiens de but), José Broissard, Daniel Carpentier, Bernard Chiarelli, Max Fulgenzi, Yves Herbet, Yves Mariot, Maryan Synakowski, Pierre Michelin, Célestin Olivier, Luc Sonor, Marius Walter, Michel Watteau et Roger Lemerre. Le CSSA a également donné un entraîneur au Onze français: Louis Dugauguez.
Plus qu'une légende, un mythe !
La création du club de foot de Sedan remonte à 1919, sous l'appellation Union Athlétique Sedan Torcy (U.A.S.T) grâce à l'initiative de son président, M. Marcel Schmitt. C'est un trio d'hommes volontaires qui, peu après la guerre va sortir l'UAST de l'anonymat. Ils ont pour noms Maurice Laurant, Lucien Laurant et Louis Dugauguez. Les deux premiers dirigent les Draperies Sedanaises. On y travaille dur et les moments de détente restent trop rares. Les frères Laurent parviennent à convaincre le président Trubert de la nécessité de bâtir une grande équipe. Le projet est aussitôt lancé et un entraîneur recruté en 1948 : Louis Dugauguez.
Monsieur Louis ne tarde pas à faire venir des renforts : les mineurs Sereck et Czekaj, Albert Leroy... Tout ce petit monde travaille pour les Draperies. Les journées interminables de travail et d'entraînements ne tardent pas à porter leur fruits. En 1950, les "Ardents Ardennais" sortent l'OGC Nice des 32ème de finale de la Coupe de France et ne tomberont qu'en 1/4 de finale face au prestigieux Stade de Reims. Les résultats des sangliers interpellent la France entière. En 1951, les hommes de Dugauguez deviennent champions de France amateurs et remportent la Coupe de France amateurs. Cette même année, l'UAST accède au statut pro. Le Président Trubert grimace, voyant là la fin d'une époque. Qu'importe, du coté de Sedan on recrute un peu partout en France mais aussi dans le département : les frères Oliver, Cuenca, Marcel Pascal, Max Fulgenzy...
Le statut a changé mais pas le mode de fonctionnement avec l'alternance du travail aux Draperies et les entraînements. Sur le terrain, on ne fait pas dans la dentelle, l'équipe pratique un football vif, incisif et rugueux. La machine est lancée. En 1954, l'UAST échoue de justesse face à Marseille en 1/2 finale de la Coupe de France mais accède à la deuxième division. Au cours de la saison qui suit, l'UAST enchaîne une série de 39 matchs sans défaite. En 1955, les footballeurs ouvriers accèdent à la première division. Le 27 mai 1956, l'UAST dispute sa première finale de Coupe de France face au voisin Troyen. Les Ardennes se mobilisent pour soutenir leur équipe et les supporters montent en masse sur Colombes. Dudule, le sanglier fétiche fait son entrée sur la pelouse de Colombes et le public explose de bonheur. L'UAST l'emporte sur le score de 3 à 1. En 1961, l'UAST renoue avec le succès en Coupe de France en s'imposant par le même score face à Nîmes. Les héros ont pour noms : Mouchel, Bernard, Lemasson, Maryan, Lion, Polak, Hatchi, Lebert, Salem, Fulgenzy, Salabert, Brény et Zachary Noah, le papa de Yannick, qui sera un peu plus tard le célèbre tennisman que tout le monde connait...
Les années qui suivent seront un peu plus délicates avec les problèmes d'argent que connaît le club mais n'affectent pas trop les résultats. Au cours de la saison 62/63, l'UAST s'inclinera en quart de finale de la Coupe de France face à Lyon (1-0) mais terminera 3ème du championnat de première division. Il faut hélas se résoudre à vendre quelques joueurs pour boucler le budget. Les frères Laurant et Dugauguez décident de faire confiance aux jeunes : Marie, Herbet, Di Salvio sont encadrés par quelques anciens, les Tordo ou autres Roger Lemerre, l'actuel entraîneur de l'Equipe de France. En 1965, l'UAST s'incline dans la deuxième manche de la finale de la Coupe de France (2-2 puis 3-1) face à Rennes. L'année suivante l'équipe s'incline en 1/2 finale face à Bordeaux (4-3).
En 1969, une réforme des règles qui régissent le football professionnel vient perturber la sérénité locale. Les ressources du club issues de la vente des joueurs vont fondre comme neige au soleil. Une fusion avec le Racing Club de Paris est évitée grâce à un immense élan de solidarité populaire. En 1970 l'UAST devient le Club Sportif Sedan Ardennes (CSSA). Hélas en 1971, le CSSA se voit reléguer en seconde division après seize années passées au plus haut niveau. Louis Dugauguez parviendra à faire remonter son équipe la saison suivante mais retrouvera la deuxième division la saison qui suit. Ce sont les début de Mustapha Dalheb, jeune joueur talentueux issu de la pointe des Ardennes, Flohimont. Il rejoindra le Paris Saint Germain en 1974 avec un transfert record de 1,5 million de francs.
Le CSSA en sommeil.
Les années qui suivent commence un long déclin du Club Sportif Sedan Ardennes. La saison 1974 - 1975, en proie à de gros problèmes de santé Louis Dugauguez se retire. Les frères Laurant l'imiteront quelques mois après. En 1974, le CSSA fusionne avec son voisin de Mouzon et devient le Club Sportif Sedan Mouzon Ardennes. L'entente durera deux années. En 1976, le CSSA sombre en troisième division et abandonne le statut professionnel. D'anciennes gloires des années glorieuses vont se succéder aux commandes de l'équipe : Christian Perrin, Yvan Roy. En 1983, sous l'impulsion de Pierre Tordo, le CSSA retrouve la seconde division pour deux saisons...
En 1985, le CSSA chute en 8ème de finale de la Coupe de France face à Monaco et ses internationaux (Amoros, Bravo, Ettori..). En 1986, le CSSA rechute en 3ème division et abandonne le statut pro qu'il venait de retrouver un an plus tôt. Michel Le Flochmoan intègre le staff de Sedan et devient rapidement le nouvel entraîneur. Francis Roumy rejoint le CSSA en 1987. En 1991, Sedan retrouve la seconde division avec 10 joueurs ardennais dans ses rangs. Mais en 1992, Sedan sauve sa place en s'imposant à Angers en lutte pour l'accession à la 1ère division. Un authentique exploit. Dans le même temps, le voisin et rival de toujours, l'Olympique de Charleville vient de gagner le droit de pratiquer en 2ème division.
Romain Arghirudis devient manager général du club et assure le recrutement. Arrivée des frères david, De Neef, Mazzéo... Le 6 février 1993, le stade Emile Albeau est en ébullition pour accueillir le leader Martigues. Sedan talonne son visiteur du jour et peut envisager de retrouver la première division en cas de succès. L'équipe de Sedan est intenable devant un public chauffé à blanc et les martégaux sont laminés. A 25 minutes de la fin , Sedan mène 3 à 0 (dont deux buts de Mazzéo). Mazzéo s'envole une fois de plus dans une chevauchée fantastique. Hélas il est fauché brutalement par un défenseur martégal et sa jambe est fracassée. Le ressort est cassé et le CSSA ne s'en remettra pas. Il terminera 4ème du classement et accèdera à la Super D2 nouvellement créée mais laissera le Martiques de Sarramagna accéder à la première division.
En 1994, l'équipe est trés largement renouvellée et sauvera sa place à l'issue du dernier match en s'imposant à Rouen. Entre temps, un homme est entré discrètement sur la scène du football à Sedan : il s'agit de Pascal Urano. Son rôle sera déterminant par la suite...
Les grands clubs ne meurent jamais !...
A l'aube de la saison 1994-1995, les dirigeants de Sedan veulent frapper un coup et retrouver le football de haut niveau en pratiquant un recrutement considérable. Arrivent à ce moment Bonora, Arpinon, Courtet... Hélas les débuts ne correspondent pas aux espoirs escomptés et les défaites s'enchaînent. L'entraîneur Michel Le Flochmoan est sacrifié et Christian Sarramagna prend les rênes de l'équipe. Il reste cinq matchs à jouer et le CSSA est aux portes du national (3ème division). Les dirigeants sedanais tentent un coup de poker en limogeant Saramagna et en faisant appel à Bruno Metsu alors au chômage.
Bruno la Crinière mobilise les joueurs les plus motivés et tente une opération commando de sauvetage qui échouera de très peu. La relégation en national devient inévitable et le voisin de Charleville qui assure son maintient jubile. Sedan manque de peu l'accession en deuxième division à l'issue de la saison 1995-1996 et les ennuis avec la DNCG commencent. Sedan doit réduire son train de vie et se séparer de nombreux joueurs. De nombreux nouveaux joueurs arrivent : N'Diéfi, Quint, Pabois, Deblock, Sachy... Les début sont plus que prometteurs puisque l'équipe gagne le titre honorifique de champion d'automne. Hélas, la fin de saison restera fatale aux joueurs de Bruno Metsu qui s'effondrent et laissent échapper la montée.
La situation financière du club s'est considérablement aggravée et c'est Pascal Urano qui cautionne le CSSA dans son conflit qui l'oppose à l'URSSAF. Qu'importe ! Les Deblock, Sachy, Quint restent et d'autres les rejoignent : Satorra, Oliveira, Elzéard, Mionnet... Entre les joueurs et l'entraîneur à l'aube de cette saison 1997-1998, un dénominateur commun : la guigne. Tous ont connu un dépôt de bilan, le chômage ou l'incertitude du lendemain. Ils vont tenter un ultime pari avec Bruno Metsu, le pari de la dernière chance...
Très vite les qualités entrevues la saison précédente se confirment et les victoires succèdent aux victoires. Le public ardennais se prend au jeu et commence à rêver. La saison se termine en apothéose par la victoire sur Saint Denis Saint Leu (5-0) dans une ambiance extraordinaire. Ivre de bonheur, le Stade Emile Albeau chavire dans une superbe ola qui se déversera dans les rues de Sedan. La nuit on rabaptise les rues de la ville aux noms des joueurs.
Hélas, 15 jours plus tard, le couperet tombe. En raison de la situation financière désastreuse du club, la DNCG refuse l'accession en deuxième division et impose une nouvelle saison en national. Tout le département se mobilise. Une souscription est lancée. Tout le monde répond, du particulier aux entreprises en passant par certains conseils municipaux et la Chambre de Commerce. Une fois de plus, Pascal Urano se porte caution et la DNCG revient sur sa décision. Un homme a joué un rôle important : il s'agit de Michel Bérard. Il rejoindra le CSSA peu après pour en devenir le président délégué.
Hélas, à l'aube de reprendre la compétition, Bruno Metsu annonce son départ pour Valence. Un nouveau tremblement de terre. Il sera remplacé par son ami de toujours Patrick Remy, un fin tacticien. Mais que d'émotions en cette fin de saison ! Patrick Remy se mettra aussitôt au travail. Travailleur hors pair, il enregistre tout : l'heure d'arrivée des joueurs, les petits problèmes relevés çà et là... Sedan mène campagne sur deux tableaux : le championnat et la Coupe de France, renouant là avec son fabuleux passé. La fin de saison devient problématique car le CSSA reste engagé sur deux tableaux : doit on sacrifier la coupe pour l'accession ? Les joueurs, eux, ne veulent rien lâcher et obtiennent le droit de disputer la 1/2 finale de la coupe contre Le Mans. Ce match a lieu au stade Emile Albeau le 27 avril 1999 dans une ambiance électrique. Sedan l'emporte durant la prolongation, dans un match fou fou (4-3). Plusieurs milliers de supporters qui n'ont pas trouvé place dans le stade ont suivi le match sur un écran géant au pied du château de Sedan et l'ambiance dans les rues de la ville est exceptionnelle au coup de sifflet final. Tout le département se mobilise pour tenter d'obtenir une place pour la finale qui se déroule au stade de France. Le 15 mai 1999, c'est Nantes qui s'impose en finale grâce un penalty (très contesté) sifflé par M. Garibian, au grand dam des 20.000 ardennais qui ont fait le déplacement.
Il faut vite se remettre de la déception légitime de la finale perdue de la Coupe de France et assurer l'essentiel : la remontée en première division. Pour cela, il manque un point au compteur des sangliers et la réception des verts de St Etienne doit permettre de se transcender pour obtenir le précieux sésame. Le 29 mai 1999, un stade tout de vert et rouge vêtu effectue une ovation aux champions de France de deuxième division. Les joueurs du CSSA accueillent leurs adversaires par une haie d'honneur. Bien vite, les affaires sérieuses reprennent et le CSSA asphyxie St Etienne et s'impose sur le score de 3 à 0, dans l'ambiance qu'on imagine.
25 ans après Sedan retrouve l'élite du football. Un exploir pour une ville d'un peu plus de 20.000 habitants. Non, les grands clubs ne meurent jamais !...
Le suite sera une montée en puissance, les sedanais atteignant même la pôle-position après une magnifique victoire à Guingamp. Lors de ce match, le public breton, connaisseur et fair-play, a applaudi les superbes mouvements collectifs des visiteurs sans cesser de soutenir son équipe. Un grand vainqueur à l'issue de cette rencontre : le football !!! L'essoufflement de la génération dorée du club, la retraite ou le départ de certains cadres de l'équipe, un apport de joueurs qui n'a parfois pas compensé les absents, et le club a entamé une lente glissade qui l'a ramené en Ligue 2 à l'issue de la saison 2002-2003.
La reconstruction sportive est en cours, mais le CSSA a sû retirer de ces belles années en haut de l'affiche une expérience et un encadrement matériel qui lui serviront pour l'avenir. De superbes infrastructures ont été construites au Château de Montvillers, et le centre de formation produira les éléments qui, dans le futur, n'en doutons pas, propulseront à nouveau le club phare des Ardennes au firmament du football français !...
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