Le korfbal est le seul sport collectif au monde qui mêle filles et garçons sur un même terrain. Cette initiative lui a permis de rencontrer un certain succès aux Pays-Bas et en Belgique. En France, la discipline est discrète, mais les passionnés veulent se montrer.
La mixité est un bonus
Au football, les garçons (ou les filles) jouent. Les filles (ou les garçons) regardent. Au korfbal, tout le monde est sur le même terrain. C'est ce qui apporte à cette discipline, qui provient des Pays-Bas - d'où son nom qui s'écrit avec un seul « l » - son originalité. Une équipe est composée de huit joueurs, répartis en quatre garçons et autant de filles. « C'est obligatoire », explique Jean-Claude Besnard, ancien joueur et arbitre, aujourd'hui chargé du korfbal au sein du Comité directeur de l'UFOLEP (Union française des oeuvres laïques d'éducation physique). « C'est un plus, car nous nous démarquons ainsi des autres sports, reconnaît Béatrice Rouchon, qui joue au korfbal depuis quinze ans. On peut pratiquer la même activité que son conjoint, par exemple. Ce n'est pas un frein au développement. » Pour Eddy Maes, joueur d'origine belge, ensuite établi en France, « c'est le reflet de la société. Et les filles sont motivées, car elles essaient de suivre physiquement les garçons. »
Créé au début du siècle dernier, le korfbal s'est ensuite exporté en Belgique puis est arrivé en France dans les années 1980. Depuis, une poignée de passionnés - environ 700 - le pratique dans notre pays. La région Rhône-Alpes domine le « korf » français avec les départements d'Ardèche et de la Loire comme bastion. Les clubs les plus souvent titrés sont Bonson, Pierrelatte ou encore Roche la Meulière. Paris, où on est censé trouver de tout, n'a aucune équipe, pas plus que sa banlieue. « Nous n'avons jamais réussi à en créer un », constate Jean-Claude Besnard. La situation de la discipline en France est de la plus stricte confidentialité. Pas de fédération propre à ce sport. Comme d'autres pratiques, le korfbal dépend de l'UFOLEP, qui est elle-même reconnue par l'IKF (International korfbal federation). En Europe, vingt-et-une fédérations sont enregistrées. Détail appréciable : le korfbal est reconnu par le Comité international olympique depuis 1993. « Mais il y a peu de chances que nous devenions sport olympique, reconnaît Jean-Claude Besnard. Pour l'instant, l'IKF souhaite atteindre la barre des cinquante pays affiliés. »
Une mission pédagogique
Si, aux Pays-Bas et en Belgique, le korfbal a ses propres structures, avec notamment des salles dévolues à sa pratique, rien de tel en France. Pour jouer, il faut partager un gymnase avec d'autres disciplines. Au niveau de la délimitation du terrain, il faut parfois utiliser les tracés du handball. « Quand on pratique un sport qui n'est pas connu, on rame, conçoit Béatrice Rouchon. Mais cela a tout de même un côté intéressant. » D'abord joueuse de handball, cette dernière a découvert le korfbal sur l'invitation d'une amie. « Cela m'a plu. J'ai trouvé que c'était un sport complet, employant vivacité et adresse. » Après avoir passé des années en équipe de France, Béatrice Rouchon cherche maintenant à inculquer sa passion aux plus jeunes. « Je me dois de renvoyer l'ascenseur, explique-t-elle. Ce n'est pas toujours facile, parce qu'il faut du monde pour encadrer et que nous sommes tous bénévoles. » Mais les valeurs éducatives priment : « Nous en parlons avec les instituteurs. L'aspect pédagogique est important. Quand on est adolescent, chacun préfère souvent rester dans sa discipline. »
Et, même si le korfbal français est anonyme, les pratiquants cherchent toujours à mettre leur sport en valeur. Ainsi, en janvier 2005, la ville de Saint-Etienne a accueilli l'organisation de la Coupe d'Europe des clubs champions avec huit équipes venant des quatre coins du continent. « Nous avons montré ce que nous pouvions faire, qu'il y avait des gens sérieux chez nous, raconte Eddy Maes. L'IKF nous a accordé l'organisation pour que cela donne de l'impulsion à ce sport chez nous. Cela s'est bien passé. » Au niveau international, une équipe de France existe, chez les seniors comme chez les juniors. Les joueurs sélectionnés ne sont néanmoins pas des sportifs de haut niveau. Lors de déplacements, les équipes sont prises en charge mais de manière limitée. « Nous avons un budget assez minime par rapport à une fédération notoire », glisse Jean-Claude Besnard. En matière de résultats, « la France recherche encore sa personnalité, poursuit-il. Mais nous n'avons pas la base pour atteindre le haut niveau. Officiellement, nous sommes la quinzième nation au classement de l'IKF. Mais, si nous nous basions sur les seuls résultats, la France serait beaucoup plus bas. » En 2005, les Bleus ne sont pas engagés dans la moindre compétition internationale. Jean-Claude Besnard admet que cela « n'en valait pas la peine ».